dimanche 27 janvier 2008

Partie 3

Soudain, c'est autre chose qui monopolise mon attention. Le bruit, d'abord, un gros crissement de pneus. Puis le pinceau des phares d'une voiture, qui m'aveugle. Je profite de la diversion pour me jeter au sol. Je me maudis de ne pas être cascadeur quand mon nez heurte violemment le sol. Je relève un peu la tête, légèrement étourdi, je vois brièvement que la voiture se rapproche de moi à grande vitesse. Et je ressens un choc dans le dos, qui re-précipite mon appendice nasal en direction du sol en béton qu'il n'aurait pas du quitter, en fait. Aïe. Je me rends compte soudain que la voiture a du heurter Sarah. Et quand je rouvre les yeux, c'est pour découvrir qu'elle s'est effectivement stoppé à 15 centimètre de moi dans un autre crissement de ses pneumatiques. Si il y a un Dieu, il a décidé de m'épargner aujourd'hui. Et il est derrière le volant de cette bagnole. Sarah remue sur moi, scène qui me donne un léger gout de déjà-vu dans mes fantasmes récents, mais pas de cette manière. Je la repousse, et me relève. La portière de la voiture s'ouvre, et un impressionnant black en costard noir en sort. Un bel archétype, tiens, lui aussi. Les épaules carrées mises en valeur par un costard à la coupe italienne, des lunettes de soleil de marque relevé sur un front large, rasé. Il respire le fric, l'assurance, et la détermination. Son regard luit du reflet des phares de sa voiture, une grosse allemande dont je vois bien la marque, puisque son pare-choc avant a manqué de m'ôter la vie. Je crie un peu quand j'essaye de demander calmement : « C'est quoi ce bordel ? ». La minette remue encore un peu par terre, et l'homme, sans un mot ni un regard pour moi, se penche vers elle, et sort une petite sacoche noire de l'intérieur de sa veste. Il l'ouvre, et y prends une seringue et un flacon. Il pompe dans le flacon un peu de liquide, en fait gicler quelques gouttes, et plante sans ménagement l'aiguille dans la fesse de la nana groggy sur le sol. Il range son matériel. Je reste bouche bée lorqu'il ramasse la fille comme s'il s'agissait d'un simple sac de sport à peine rempli, se dirige vers l'arrière de sa voiture, et la met dans le coffre. Il balaye un peu le parking du regard, referme le coffre. Il repart dans ma direction, ramasse à deux mètres de moi le flingue de Sarah, en démonte le silencieux, et fourre l'un dans sa poche droite, l'autre dans sa poche gauche. « Montez », me dit-il alors d'une belle voix de baryton. « Montez, me répète-t-il, je vous expliquerai en route. » Comme un zombi, je monte côté passager, attache ma ceinture. Il monte quelques instants après moi, et démarre doucement la voiture. Il lui fait faire un demi-tour, sort un pda de la boite à gant, appuie sur l'un des boutons, et le volet roulant s'ouvre. Autant pour le poste de 30 euros dans les charges locatives pour la « sécurité du parking sous-terrain ». Nous sortons de l'immeuble, et mon chauffeur n'a toujours pas dé-serré les dents. D'un autre côté, je ne suis as très volubile non plus, mon cerveau tourne à cent à l'heure en essayant de remettre dans l'ordre les quelques pièces du puzzle que je possède. Qu'avais bien pu faire ce crétin de Romain pour se retrouver mort, après une séance de torture haut de gomme ? Qui est la gonzesse que j'ai trouvée dans sa piaule ? Et celle qui a essayé de me dessouder, la « Ugly-Betty », miraculeusement jolie une fois les culs de bouteille retirés de devant sa tronche ? Ouais, en fait, j'ai beau retourner ces trois questions dans tout les sens, je n'en trouve pas la réponse, à commencer par le pourquoi de Romain, dont les parents sont instituteurs en zone rurale, et qui lui travaillait à concevoir des sites web pornographiques ... Rien qui ne donnerait envie d'en finir avec lui, et encore moins d'en finir après l'avoir torturé ... En ce qui me concerne, je me suis fait quelques ennemis, ces dernières années, mais pareil, je n'en voit aucun qui m'en voudrait suffisamment pour tuer deux personnes, puis moi ... Nous roulons quelques minutes, puis la voiture bifurque brutalement sur la droite pour rejoindre la descente vers un parking. L'homme sort son pda, et ouvre la porte. Crétin comme je suis, la tête à mes réflexions, je ne sais absolument pas où nous sommes arrivés, ni par où nous sommes passés ... Nous faisons quelques mètres de plus, et nous nous garons entre une camionnette bleue sombre et un mur. Les portes arrières de la camionnette s'ouvrent, et deux hommes en descendent. Vêtus comme mon chauffeur, costards noirs chics, ils on la mine aussi patibulaire que lui. Ils s'approchent de notre coffre, que mon laconique nouvel ami leur ouvre d'une pression sur un bouton à côté du volant. Ils attrapent la troisième passagère de la voiture, et l'un ferme le coffre. Ils retournent dans leur camionnette, dont ils referment les portes derrière eux. La voiture redémarre, et se dirige de nouveau vers la porte. La voix du conducteur se fait entendre. « Bon, un problème de réglé. Maintenant, que va-t-on bien pouvoir faire de vous ? ». Je crois que c'est une question rhétorique, et je n'ose pas lui dire qu'il ferait aussi bien de me laisser à la première bouche de métro venue.

- Je devrais vous éliminer, je crois que ça m'épargnerait bien des problèmes, poursuit-il.

- Euh, je ne suis pas sur que ce soit une excellente idée, je suis flic, il y a bien des gens qui vont s'acharner sur ce cas si je meurs. La disparition d'un flic passe rarement inaperçue.

- Mouais. Faites moi confiance pour que personne ne se doute que vous êtes mort. On vous condamnera à contumace pour double meurtre, et Air Nicaragua jurera vous avoir eu sur ses lignes pas plus tard qu'aujourd'hui avec une jolie brunette mal fagotée. Croyez moi, vous faire disparaitre ne serait pas un problème. Mais vous pourriez surement nous être plus utile vivant.

- Qui ça, nous ? Je questionne, mais j'ai comme l'impression qu'il n'a qu'envie de monologuer.

- Oui, vous nous serez plus utile vivant. Et puis après tout on bosse pour le même ministère.

- Hein ?

- Commandant Marc Dufour, Renseignements Généraux, se présente-t-il, un demi-sourire sur le visage.

J'entends presque le frein à main se dé-serrer dans mon esprit. Les RG. J'étais donc sous surveillance ? Je reste sans voix, et mon interlocuteur semble faire durer son petit effet.

- Oui, poursuit-il en me montrant son badge, les RG. Je vous emmène Place Bauvau.

La voiture prends effectivement la direction du huitième arrondissement, et nous passons la Seine par le pont Alexandre III, complètement noir de trafic à cette heure-là.


- Drumont, tu me passerais le gyro dans la boite à gant s'il te plait ?

J'acquièce, et j'ouvre la boite à gant qui ne contient rien d'autre que ce gyrophare, que je passe à Dufour. Il le connecte à l'allume cigare, puis le pose sur le toit de la voiture en passant son bras par la vitre. Il appuie ensuite sur un bouton dans le tableau de bord, et la sirène commencer à nous jouer sa complainte du policier.


1 commentaire:

Benjamin a dit…

C'est corrigé ^^

Encore merci, et publiquement ce coup-ci :D